Présentation du parc et du Château Reinach

L’Etablissement Public Local d’Enseignement et de Formation Professionnelle Agricoles (EPLEFPA) est installé depuis 1958 dans le Domaine Reinach (40 hectares) à La Motte-Servolex en Savoie.
Ce domaine est adossé à la montagne de l’Epine et regarde vers l’est le Mont Revard et le Nivolet.
Le Conseil Départemental de la Savoie, propriétaire, met ce domaine à la disposition du Ministère de l’Agriculture par un bail emphytéotique.

La plus grande partie du domaine est inscrite sur l’inventaire supplémentaire des monuments historiques.

Ses propriétaires successifs : Morand de Montfort, Salteur de Curtille…
En 1802, il devint la propriété des Costa de Beauregard jusqu’en 1898.
En 1901, Théodore Reinach l’achète et le remanie dans le style Louis XIII.
En 1936, il est donné au département de Savoie qui le transforme en centre médico-pédagogique, puis en préventorium et en Lycée Agricole.

Domaine constitué par ajouts successifs depuis la fin du XVIIIe siècle, comprenant l’ancien château de Curtille et le château de la Motte.
Le château a été rénové, à la demande de Théodore Reinach, par l’architecte Louis Legrand de 1899 à 1903. L’édifice garde alors sa structure sobre d’origine mais devient un château néo-Louis XIII en brique et pierre.

  • Les façades sont animées par des chainages à bossages
  • Les combles surélevées sont percées d’oculi sur deux nivaux, de grandes lucarnes ainsi qu’un blason sont ajoutés
  • Les faitages sont richement décorés d’une rambarde revêtant la lettre R

A l’intérieur, au rez-de-chaussée, on peut noter la présence d’un escalier à deux volées avec garde corps en fer forgé conduisant au salon central.
Le grand salon du château est orné au sud d’une cheminée droite en calcaire blanc.
Le plafond aux nombreuses décorations de stuc s’organise autour d’une toile principale représentant le “char d’Apollon”. Huit autres toiles déposées sur le plafond et les murs s’inspirent de thèmes de la mythologie grecque.
La salle à manger est, elle, le témoin remarquable des arts décoratifs du début du XIXème siècle : vitraux de la porte donnant sur la galerie avec des motifs camaïeu de la mythologie grecque.

La ferme située au sud du château est également remarquable (actuellement bâtiment administratif de la ferme et du CFPPA). Elle forme un ensemble quadrangulaire exceptionnel avec une grande cour centrale.

En 1813, l’architecte Lalos projette un parc paysager qui sera partiellement réalisé. Face au château s’étend une vaste prairie parsemée de bosquets créant des perspectives englobant le paysage. Divers cheminements sont créés, ainsi qu’une chapelle et des fabriques.

Ce parc est à classer parmi les plus beaux de la région. Il s’agit d’un jardin paysager à l’anglaise abritant une collection d’environ 200 espèces d’arbres.

    

Qui est Théodore Reinach?

1860-1928

Théodore est né à St Germain en Laye. Il fait de très brillantes études à Paris. Il deviendra archéologue, mathématicien, juriste, historien et homme politique.
En 1886, il épouse en 1ères noces; Eveline Kann avec qui il a deux enfants (Hélène et Gabrielle). Veuf, en 2des noces, il épouse la cousine, Fanny-Thérèse Kann. Ils ont quatre garçons, Julien, déporté à Drancy puis à Bergen-Belsen ; Léon, déporté et assassiné à Auschwitz avec sa femme et leurs deux enfants ; Paul et Olivier). L’attrait des lacs et de la montagne attire Reinach en Savoie en 1898.

La notoriété de T. Reinach

Avocat, docteur en lettres, spécialiste de l’antiquité grecque, il enseigne au Collège de France, à l’Ecole des Hautes Etudes, à la Sorbonne. C’est un érudit infatigable : il participe à la rédaction de diverses revues et d’encyclopédies. Agnostique, il prend une grande part aux efforts de l’Union Libérale Isralélite pour rajeunir le judaïsme.

Député savoyard de 1906 à 1914

Théodore Reinach fait partie de la gauche radicale et de l’Alliance Démocratique dès l’origine en 1901. En 1903, il crée à Chambéry, le journal républicain progressiste “le Démocrate savoisien”. Dès lors il participe à la mouvance radicale locale. En 1906, il devient député de la 1ère circonscription de Chambéry.

A l’Assemblée, sa tâche de tribun de la République le conduit à défendre l’impôt sur la fortune, la protection des richesses artistiques françaises, l’école laïque et la justesse de représentation proportionnelle.

En Savoie, T. Reinach intervient fréquemment en faveur d’Aix pour son casino et le futur hôpital. Il s’intéresse particulièrement à l’agriculture de son département, aux sociétés mutuelles. Pour lui, l’aménagement des lacs savoyards doit trouver un équilibre entre industrie, tourisme et agriculture. Partisan du progrès, il soutient le projet du conseil municipal pour une école d’agriculture à La Motte-Servolex. Sa générosité pour les écoles primaires laïques de sa circonscription fait date. Soucieux du patrimoine savoyard, il demande à l’Assemblée le classement des Charmettes, la protection de l’ancien évêché; Albert Costa avait été nommé directeur du futur musée savoisien toujours en préfiguration, c’est Reinach qui interviendra encore au Parlement en 1913, pour sa réalisation effective.

Ses héritiers lèguent un fonds Reinach aux archives départementales et à la bibliothèque de Savoie. Ils vendent également le domaine Reinach à La Motte-Servolex au Conseil Départemental de la Savoie en 1936.